Le 22 Juin 2021 était inauguré le datacenter national de Diamniadio. Avec une capacité de stockage de 1000 To et bientôt reliée au câble sous-marin, cette infrastructure est considérée comme le chaînon qui devrait asseoir la souveraineté numérique et la transformation digitale du Sénégal. Elle balisera la voie de l’innovation.
Près de 5 mois après son inauguration, le datacenter national de Diamniadio, appelé à recevoir toutes les données de l’administration, se prépare aux étapes de l’homologation et de la certification. Le manager de l’infrastructure, Ousmane BOB revient sur les différentes étapes nécessaires, voire vitales, avant la mise en service effective: “demain, toutes les données vont être ici. On ne peut donc pas sepermettre de sortir des services alors que les préalables ne sont pas faits correctement. Depuis juin, on est en train de finaliser la partie reset. Après, nous allons entamer la partie homologation qui peut durer un ou deux mois selon la qualité et la disponibilité des ressources.
Ensuite nous passerons à la partie normalisation qui prépare la certification. Nous aurons une dizaine de certifications qui montreront en termes de sécurité, d’hébergement physique et logique de services, comment nous sommes placés par rapport à ce qui se fait de mieux dans le monde”. A l’issue des phases d’homologation et de certification, pourront commencer les hébergements physiques et logiques qui consistent concrètement à transférer les serveurs des administrations publiques à Diamniadio et à héberger les sites, applications internes ou externes des services concernés au niveau du Cloud.
Un catalogue de services attendu prochainement
Fort de ses 16 ans d’expérience dans les systèmes d’information, le manager du datacenter voit les choses en grand et compte sur un véritable travail d’orfèvre pour mener à bien la mission qui lui est confiée. Son objectif: “ avoir les mêmes standards et normes que les datacenters de Oracle et des Gafa (NDLR: Google, Apple, Facebook, Amazon).
L’infrastructure dont il a la charge est venue régler des anomalies et apporter des solutions innovantes. Des anomalies, il enretient essentiellement deux (2). Un problème de souveraineté lié au recours à des plateformes ou infrastructures étrangères pour stocker les données de l’Etat du Sénégal et un problème de sécurité relatif à la présence de données de l’administration dans des datacen- ters au sein des ministères ou do- miciles ou à l’usage de plateformes présentes au Sénégal mais détenus par des structures privées comme Orange ou Tigo.
«Une fois que nous aurons réglé le problème des infrastructures et des plateformes, nous allons proposer des services. Il y a un catalogue de services qui va être mis en place bientôt. Nous allons par exemple proposer un service qui va révolutionner l’action des forces de l’ordre en conférant une meilleure visibilité sur les voitures contrôlées et les contraventions payées”, annonce le manager.
Ce service consistera à mettre à la disposition des agents de police ou de gendarmerie une application qui permet de vérifier à partir d’une plaque d’immatriculation ou d’un code, la régularité d’une carte grise, d’une assurance, d’une visite technique. Il sera également pos-sible de s’assurer de la validité d’un permis de conduire en le scannant à partir de l’application disponible sur le téléphone de l’agent. Dans l’hypothèse où une amende est due, le conducteur en reçoit la notifica- tion et les modalités de paiement sur son mobile.
Par contre, si l’immobilisation du véhicule s’impose, le service de
fourrière est avisé par le même canal.
Dans l’optique aussi de permettre aux hôpitaux de travailler en synergie, il est prévu un “par- cours patient” qui retrace l’itinéraire et l’historique santé du malade. “On n’aura plus besoin de vous demander une ordonnance passée ou qui vous traitait avant et comment. Cela permettra aux médecins d’aller plus vite et d’éviter certaines erreurs médicales”, explique le manager. Une idée si- milaire concernant le parcours scolaire est en gestation.
Autant d’innovations qui gé- nèrent naturellement autant de données personnelles…à protéger. Le volet de la protection des don- nées personnelles est d’une im- portance capitale. Et, le manager du datacenter de Diamniadio en est bien conscient. Il rassure, ce concernant. “Nous bénéficions de la politique nationale de la sécurité des données que l’Adie a mise en place à travers son département de la sécurité et du système informatique.
« C’est une politique globale appli- quée par l’Etat du Sénégal”, dit-il, en soulignant que le plus, “c’est surtout une spécificité par rapport à tous les outils qui sont utilisés. Il n’y a par exemple pas de wifi sur ce site et vos clés usb ne sont pas acceptées ici. L’outillage qui est là est celui validé et homologué par la direction du système informatique. A chaque fois que l’on fait un projet avec un client, le ministère de la santé par exemple, on regarde ce que l’on récupère, on définit le périmètre et on lance le projet”. De fait, “à la fin du projet, il y a toujours le département de la sécurité et du système informatique qui vient pour voir si le projet qu’on est en train de mettre en place – la migration du ministère de la santé vers Diamniadio par exemple – respecte la politique de sécurité mise en place au niveau de la direction de la sécurité informatique et lancer les opérations de scans nécessaires pour vérifier la fiabilité des éléments. Une autre disposition qui peut ressem- bler à un détail et qui n’en est certainement pas: “toutes les données et infrastructures que nous prenons comportent le tampon de la sécurité”, fait savoir M. BOB.
On mise alors sur la sécurité, par rapport au bijou niché à Diamniadio.
De là à dire qu’il n’y a pas de crainte à se faire concernant, par exemple, une cyber attaque? Le manager se veut prudent car, “en informatique on ne dit jamais jamais parce qu’on voit que les plus grosses entreprises qui font des milliards de bénéfices comme facebook ou amazone ont peut-être eu des problèmes de sécurité. Nous mettons donc le maximum de protocoles et de normes”. Raison pour laquelle, d’ailleurs, ses équipes mettent le maximum de protocoles et de normes al- lant dans le sens de la sécurisation maximale.
Dans cette optique, “au niveau des certifications il y a une certification en cyber sécurité Afnor qu’on va faire et qui nous dira si notre datacenter est normé et protégé. Nous continuerons par des partenariats et échanges avec des structures spécialisées à tester notre politique de sécurité, à le mettre à jour, à le développer et à rajouter des couches. Nous tiendrons aussi compte des spécificités de chaque projet”. En tout état de cause, “les données sont entre de bonnes mains
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