Yoff, terre mère de Dakar: Welle Mbengue ou le mythe des origines

Welle Mbengue, fils ou petit fils de Djolofing Mbengue gouverneur du Djolof (le royaume vassal du puissant empire mandingue) serait le protagoniste de ce mythe bien connu chez les lébous de Yoff. Selon ce mythe Welle Mbengue serait le premier habitant de ce village à avoir découvert la mer. Il serait ainsi l’auteur de la non moins célèbre phrase qui fait fortune aujourd’hui encore chez les habitants de Yoff et des Lébous en général : « Forro Yaye Guedji » littéralement « Mère j’ai ramassé un océan ».
Welle Mbengue l’aurait prononcée en découvrant, l’immensité bleutée, en suivant son chien qui revenait chaque fois de l’épaisse forêt qui, en ces temps-là camouflait l’océan, avec un gros poisson entre les crocs.
Aux Mbengue ancêtres de l’actuel Diarraf de Yoff, succéderont les Thiaw (la famille de Seydina Limamou Laye saint homme de Yoff) venus probablement du Baol, les Diagne du Cayor, les Paye et les autres groupes venus directement des contrées de la Petite côte ou des régions du Sine-Saloum ou alors du pays mandingue, plus éloigné encore.
HISTOIRE ET PEUPLEMENT DE LA PRESQU’îLE DU CAP VERT
Les Lébous de Dakar et la presqu’île, des vagues de migrations successives de groupes
Le thème de l’exil ainsi que celui des errances, si prégnants dans les récits en milieu lébou, attestent cette thèse du peuplement de la presqu’île par des migrations successives et intermittentes.
Celle-là n’infirme en rien peut-être les hypothèses des chercheurs et scientifiques (anthropologiques et archéologues comme l’illustre savant sénégalais Cheikh Anta Diop) qui, fondant leurs investigations sur des arguments d’ordre culturel ou linguistique s’évertuent à démontrer l’origine nilotique des Lébous qui seraient selon Alain Anselin, des « Baa lebbo » (les pêcheurs) en baffai, une langue camerounaise. C’est-à-dire des « gens de la pêche » dont l’origine bantoue s’est dissoute dans l’ethnogenèse.
Qui sont les Lébous ? D’où viennent-ils ?
épineuses questions auxquelles les concernés eux-mêmes, selon leur village, ou leur appartenance lignagère, donnent des réponses variées mais qui restent constantes cependant sur une question. Celle-là qui autorise à croire que les Lébous n’occupaient pas originairement cet espace qu’est la presqu’île du cap vert.
Ils y sont arrivés par vagues de migrations successives de groupes ethniquement différents et ayant emprunté, pour y parvenir, des directions diverses. Les explications fournies sur la genèse du peuplement du village de Yoff par un des anciens Diaraf (maire indigène de ce village traditionnel), El Hadj Issa Mbengue créditent la thèse des rameaux multiples qui seraient à l’origine de la formation de ce groupe ethnique. Cette thèse est quasiment entérinée par la plupart des autres notables Lébous sur la question.

Pour ce dignitaire de Yoff, en effet, la formation de l’ethnie Lébou s’est réalisée par le métissage consécutif au brassage de vagues successives de populations de migrants venues de diverses régions de l’hinterland sahélien des diverses contrées du Sénégal d’avant la colonisation. Exactement comme pour le modèle du « melting-pot » du peuple américain.
Selon le Diarraf El hadji Issa Mbengue, les premiers arrivants dans la zone sont venus du Walo, transitant par le Djoloff et le Cayor. Ce sont les Lébous de patronyme Mbengue qui forment le « Penthie » quartier de Kadd. Ils sont issus de la descendance de Djolofing Mbengue. Le même qui, avec Ndiadiane Ndiaye, aurait joué un rôle prépondérant dans la formation et l’évolution de l’empire du Djoloff et dont l’un des fils (ou petits-fils) Welle Mbengue a été le premier à s’installer à Yoff.
