Mohamadou Ndoye, dit « Ndoye Douts », né le 1er mai 1973 à Sangalkam, est mort ce jeudi 8 juin à l’hôpital « Dalal Jam » de Guédiawaye à l’âge de 50 ans. La communauté artistique pleure cette figure enjouée, généreuse et prolifique.
Sorti major de sa promotion en 1999 de l’École nationale des Beaux-Arts du Sénégal, il était déjà, à ses débuts, passionné par le « désordre architectural » de sa ville, Dakar. Ses installations ont souvent fait partie du programme officiel de la Biennale de Dakar (Dak’Art), avec des séries de dessins reflétant sa ville – et par extension, le caractère intensément urbain du continent
Son travail était centré sur l’univers chaotique de la ville. La Médina était une de ses sources d’inspiration. En clin d’œil à ce quartier plein de vie et d’ingéniosité, il avait imprimé sur ses tableaux sa densité, sa turbulence, son énergie. Le chaos de Dakar était là, bien visible à travers ses bâtiments et ses cars rapides qui flottaient dans la ville.
Plusieurs des toiles de Mouhamadou Ndoye portent des noms de quartiers de Dakar : Plateau, Djily Mbaye, Mermoz, Yoff, Diamalaye, Fann, Thiaroye, Ngor, etc. Il y décrit son univers, qui est un dédale de ruelles désordonnées, où circulent des véhicules improbables. Cet univers est fait aussi de linge séchant sur les fils, d »antennes de télévision qui griffent le ciel, de numéros de téléphone qui lancent des appels sans réponse, de jouets d’enfants entre ciel et terre.
Ndoye Douts, peintre, réalisateur, scénariste, a d’ailleurs réalisé un court métrage d’animation intitulé ‘’Train train Médina’’ (2001), où il propose une belle réflexion sur l’égoïsme de la civilisation occidentale, soulignée avec force par la qualité de la mise en scène.
Récemment rentré du Japon, où il avait exposé pendant un mois, il se disait fatigué, témoigne son ami Olivier Sultan, patron de la Galerie Art-Z, qui a maintes fois accroché ses œuvres à Paris.

