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    SOCIÉTÉ

    Migrants du Sénégal : cette si mortelle route des Canaries

    La Revue de DakarBy La Revue de Dakar27 septembre 2023Updated:27 septembre 2023Aucun commentaire8 Mins Read
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    Des Sénégalais se considérant « sans avenir » risquent régulièrement leurs vies dans de frêles embarcations. Cet hivernage n’a pas fait exception. Explications.

    Un été meurtrier. En juillet et août, plusieurs centaines de Sénégalais ont perdu la vie dans l’océan Atlantique en tentant de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries. Le 14 août, 63 personnes sont mortes après avoir dérivé plus d’un mois en mer. Leur pirogue était partie de Fass Boye, à 150 km de Dakar. Une semaine avant, les garde-côtes marocains avaient annoncé avoir repêché au large de Guerguerat, dans le sud du royaume, cinq cadavres de migrants originaires du Sénégal. Et mi-juillet, treize personnes originaires de Rufisque, près de Dakar, avaient péri en mer dans la même zone. Au même moment, on a encore enregistré la disparition en mer de 300 passagers, répartis dans trois embarcations différentes. L’une d’elles était partie de Kafoutine, une petite ville côtière du Sud sénégalais. Elles n’ont, à ce jour, jamais été retrouvées. Parallèlement à ces drames, pourtant, les départs depuis le Sénégal ne connaissent aucun répit. Au contraire. Entre le 23 août et le 7 septembre, les autorités sénégalaises ont procédé au sauvetage de 1 115 candidats à l’exil. Qu’est-ce qui poussent donc les Sénégalais à embarquer dans de frêles pirogues depuis leur village et à s’engager dans cette traversée périlleuse ?

    Plus de surveillance dans les eaux marocaines

    La multiplication des départs depuis les côtes sénégalaises s’explique d’abord par un changement de paradigme sécuritaire en Atlantique.

    Depuis 2020 et la réactivation de cette route migratoire vers l’Espagne, la plupart des départs avaient lieu depuis les côtes marocaines. Les migrants – sénégalais, mais aussi ivoiriens, guinéens ou gambiens – y embarquaient dans des bateaux pneumatiques. Il faut dire que depuis la ville marocaine de Dakhla, seuls environ 700 km les séparent de l’île de Grande Canarie.

    Mais depuis avril 2022, et la réconciliation diplomatique entre Rabat et Madrid après des mois de brouille au sujet du Sahara occidental, la surveillance opérée en mer au large des côtes marocaines a été renforcée. Ce qui a conduit à davantage d’interceptions de migrants en mer. Entre janvier et mai 2023, les autorités chérifiennes ont affirmé avoir déjoué plus de 26 000 tentatives d’émigration irrégulière. D’après le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, les entrées irrégulières dans les îles Canaries ont ainsi baissé de 63 % au premier trimestre 2023, par rapport à la même période en 2022.

    Sur terre aussi, la répression s’est accrue pour les migrants qui tentent de rejoindre illégalement les Canaries. Le 27 mai, Madrid a annoncé ouvrir une enquête après des tirs opérés par l’armée marocaine sur des exilés. Trois ont été blessés et un quatrième, un Malien, est mort, affirme l’association Caminando Fronteras. Ils s’apprêtaient à prendre la mer depuis une plage marocaine.

    Ce durcissement sécuritaire sur mer et sur terre amène donc les migrants à emprunter d’autres routes, en Méditerranée centrale par exemple, ou à partir de plus loin, directement depuis le Sénégal, où la répression est moindre.

    Inflation record

    Pour beaucoup, les difficultés économiques constituent la première raison de leur exil. Depuis la crise du Covid-19, le Sénégal peine à se redresser économiquement la hausse des prix y est importante. D’après la Banque mondiale, il est même « l’un des pays de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) les plus touchés par le coût élevé de la vie ». En novembre 2022, l’inflation a atteint le niveau record de 14,1 % « frappant plus durement les ménages les plus fragiles, qui consacrent plus de la moitié de leurs revenus à l’alimentation » selon l’institution dans son rapport sur la situation économique du Sénégal, lequel a été publié en juin 2023.

    Dans ce pays où « plus d’un tiers de la population vit dans la pauvreté », il faut dépenser désormais en moyenne 15 % de plus pour s’offrir du poisson frais ou du riz. En 2022, « les prix d’autres produits alimentaires très consommés tels que l’huile de cuisson et le pain ont augmenté respectivement de 21 et 17 % ». Une « flambée des prix » qui met « tout le monde en difficulté : les jeunes qui travaillent dans le secteur informel, ceux qui ont un emploi stable, et toutes leurs familles avec », déplore Fatou Faye, en charge du pôle Jeunesse et Migrations de la Fondation Rosa Luxembourg à Dakar.

    Les 101 passagers de la pirogue partie de Fass Boye, dont 63 ont péri, avaient tous de grandes difficultés à vivre décemment. « Ils sont sans travail, sans aide. Ici, la vie est difficile », témoigne N’Galam Boye, habitant du village qui a fait partie de la délégation dépêchée au Cap-Vert, en août dernier. C’est au large de cet archipel que l’embarcation, avec 38 survivants, avait été retrouvée. Pour ce père de famille, qui a lui-même emprunté cette route en 2006, « sans avenir, sans la possibilité de se construire une vie décente, les jeunes ici n’ont pas d’autre option que de traverser l’Atlantique ».

    « Sans travail, sans aide »

    La cherté de la vie est d’autant plus difficile pour les jeunes étudiants à la recherche d’un emploi. « Ici, avoir un travail après ses études n’est plus assuré. Et quand vos parents et vos frères et sœurs comptent sur vous pour leur survie parce que vous avez un diplôme et que vous jouez votre place dans la famille, vous n’avez plus le choix. Vous partez gagner de l’argent ailleurs », affirme Fatou Faye.

    Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), environ 20 % des Sénégalais de 15 à 24 ans sont au chômage. Ce chiffre s’explique, pour Maurice Soudieck Dione, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, par « le décalage persistant » entre la formation des jeunes et le marché de l’emploi du pays. « Depuis 2012, le gouvernement a beaucoup investi dans les infrastructures. Les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, notamment avec le Plan Sénégal émergent (PSE), ont mis l’accent sur leurs réalisations matérielles. Ce n’est pas, en soi, une mauvaise chose, admet-il. Mais ils ont oublié de répondre aux aspirations économiques de premier plan, à savoir la transformation des produits issus de l’agriculture et l’industrialisation, tous deux pourvoyeurs d’emplois ».

    D’après Fatou Faye, à ces difficultés de pouvoir vivre dignement s’ajoute un sentiment de « désespoir social et politique ». « Aujourd’hui, les jeunes sont plus conscientisés que leurs aînés. Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, l’information circule beaucoup plus qu’il y a 20 ans. Alors les jeunes Sénégalais se forgent un avis sur les décisions prises, ils se rendent compte de la corruption et du manque de démocratie. Tout cela alimente les envies de départ. »

    Pour Maurice Soudieck Dione, les récents troubles qui ont agité le pays après l’arrestation et la condamnation de l’opposant Ousmane Souko ne peuvent motiver à eux seuls une dangereuse traversée en mer. Mais « cela fait tout de même partie de l’équation, affirme-t-il. Quand le malaise est profond, que ses racines sont bien ancrées, ne reste plus qu’un élément déclencheur pour agir ».

    Un plan gouvernemental jugé insuffisant

    Mi-juillet, après déjà plusieurs naufrages, Macky Sall s’est « incliné devant la mémoire des personnes décédées ». Puis, en réponse, a demandé à son gouvernement « d’intensifier les contrôles au niveau des zones et sites potentiels de départs ». Le chef d’État a également réclamé le déploiement de « l’ensemble des dispositifs de surveillance, de sensibilisation et d’accompagnement des jeunes » en renforçant « les programmes publics de lutte contre l’émigration illégale ».

    Quelques jours plus tard, le 27 juillet, le gouvernement a présenté son plan dédié. Objectif ? « Réduire drastiquement le phénomène [des départs en mer] à l’horizon 2033 ». La Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI), dont le coût n’a pas été dévoilé par les autorités, se décline en cinq axes : la prévention, la gestion des frontières, des mesures de répression (contre les convoyeurs), des mesures d’aide, et un volet destiné à faciliter le retour et la réinsertion des migrants.

    Avec ce programme, « le gouvernement agit dans l’urgence », déplore Maurice Soudieck Dione. « La répression et la gestion des frontières, c’est bien, mais le problème est bien plus profond. La direction économique engagée dans les années 2000 a laissé les jeunes de côté, surtout ceux qui habitent en périphérie de la capitale, à Ziginchor ou Kaolack. Si le gouvernement ne s’investit pas franchement dans la refonte de son économie, on ne réglera jamais le problème ».

    Fatou Faye n’est pas plus convaincue par la réponse des autorités. « Sécuriser les routes les rend en fait plus dangereuses, car quoi que l’on fasse à ce niveau- là, les jeunes trouveront toujours un moyen de partir, et prendront d’autres chemins, plus dangereux. » Pour la chercheuse, investir pour le développement n’est pas non plus la panacée. « Cette idée qui consiste à penser que l’on va régler la migration irrégulière en créant plus de richesses est calquée sur la politique de l’Union européenne, peste-t-elle. Pourquoi ne pas accepter que ces jeunes veuillent aller gagner leur vie en Europe ? La migration, lorsqu’elle est sécurisée, permet souvent aux familles de survivre dans les périodes difficiles. Ce qu’il faudrait, à mon sens, c’est créer des voies légales d’émigration, pour que les jeunes puissent partir quelques années, et revenir au pays quand ils le souhaitent ».

    À Fass Boye, aujourd’hui, ni le bilan dramatique de la traversée ni le plan gouvernemental n’ont changé les désirs d’ailleurs des rescapés de la pirogue. D’après N’Galam Boye, « certains ont déjà prévu de repartir ».

    Le Point Afrique

    #Sénégal #Migrations #Jeunesse Eurozone
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