LEUKK DAUR MBAAY, MAAM KUMBA LAMBAAY, MAAM NJAAREE, MAAM KUMBA KASTEL
Ces « ancêtres » spiritualisées, génies tutélaires de Dakar et divinités du panthéon féminisé
Dans de nombreux récits (contes de mythes) où il est question de cette ca- tégorie de « personnages» que sont les « Tuur » et les « Rab », la référence à l’eau apparaît comme l’un des éléments les plus prégnants du décor dans lequel se déploie l’ac- tion. Burtëgën dans le mythe de Ngor habite la mer. Nduku Peey, l’espace qui servit de théâtre de réalisation du pacte qui allait lier Lambaay le génie des lieux à l’Ancêtre de la li- gnée Ndoyeen, était une zone fertile, située sur la bordure océane. Le ju- meau œuf devenu « Tamb » du mythe du marigot de Bundu ira se jeter dans la rivière quand il fut surpris dans sa ténébreuse retraite par le regard indiscret de la femme de son frère. Maam Ndumaan retirera l’ancêtre des Seen des profondeurs océanes pour aller l’installer quelque part au bord du fleuve Sénégal. La distribu- tion géographique des lieux présumés abriter la demeure des grands « tuur » témoigne de cet aspect.
Lëg Daour habite la mer de Dakar (plus précisément la plage contiguë à l’emplacement actuel de l’Univer- sité et Wërr, îlot Sarpan dans les iles Madeleine), Maam Njaare et Ndew Ndiagama trouvent respectivement leur lieu d’attache à la plage de Yoff dans la presqu’île du Cap Vert et dans les marécages du Sine. Selon des sources parmi les plus autorisées, la pointe de Sangomar qui se trouve à l’embouchure du Fleuve Saloum à l’extrême sud du monde Sereer du Sine Saloum serait le grand lieu de rencontre des esprits.
Les habitants de cette région la conçoivent comme le lieu de rassem- blement des Maam c’est-à-dire l’âme de leurs ancêtres spiritualisés. Pour les Lébous, elle est le foyer à par- tir duquel rayonnent et vers lequel convergent les relations les plus com- plexes qui lient ce groupe ethnique à leur univers du « rab ». C’est pourquoi pendant les rituels ndëpp organises par les familles qui en ont les moyens, il y a un va et vient constants entre les lieux de culte et Sangomar.
Le concept d’éco-culture couvre tous les champs de vision, de réflexion et d’action de conservation et d’utili- sation durable des zones humides à travers une symbiose forte le milieu étant défini comme : « l’ensemble des modes et moyens de méditation spécifiques d’un groupe humain avec son milieu qui convoquent ses pro- ductions symboliques, ses pratiques sociales d’accès, de gestion et d’uti- lisation durable des ressources de son écosystème, mobilisées dans la production de valeurs structurantes pour assurer la reproduction sociale et qui induisent dans cette médiation la responsabilité intra et intergénéra- tionnelle ».