Au Sénégal, la vie sociale est telle qu’on fait des rencontres tous les jours, rencontres de différentes natures. Ainsi, trouver l’amour peut ne pas être difficile, du moins pour certains. Aujourd’hui, des Sénégalais sont obligés, pour diverses raisons d’aller chercher l’amour sur Internet.
L’amour au bout d’un clic ! Nombreux sont ceux qui en rêvent… sous nos cieux. L’on a tendance à penser que les sites de rencontre n’ont du succès qu’outre atlantique. Que nenni ! D’après une étude sur le numérique publiée en 2021, les statistiques démontrent qu’il y a 3,9 millions de Sénégalais actifs sur les réseaux sociaux, ce qui représente 23% de la population totale. Parmi ces derniers, il y en qui fréquentent sur les sites de rencontres. Ainsi, vous trouverez des profils de Sénégalais sur Meetic, Tinder, Badoo, AdopteUnMec, etc. Tapez sur la barre de recherches de Google ‘’sites de rencontres sé- négalais’’ et vous trouverez énormément d’annonces d’hommes et de femmes de toutes les régions de ce pays. Photos à l’appui, ils mettent âge et souvent profession mais également ce qu’ils ou elles cherchent.
D’ailleurs, la demande est telle que les sites les plus connus ont des fenêtres destinées aux Sénégalais. ‘’Découvre les célibataires de l’une des meilleures villes pour rencontrer du monde : Dakar. Que tu vives ici ou que tu sois en vacances, utilise Tinder pour rencontrer des locaux à proximité (…)’’, lit-on par exemple sur la page d’accueil de Tinder.
D’ailleurs, cela a inspiré quelque part des gens qui ont décidé de mettre sur pied des sites 100% sénégalais. Senlove en est un et s’identifie à Meetic. ‘’ Sénégal love, le premier site de rencontres sénégalais du style meetic (…)’’, selon ses concepteurs. Il est peut être le premier mais pas le seul. En effet, il y a également Senrencontre. ‘’ Sen rencontre, 100% célibataire ; rencontrez une personne en ligne chez vous au Sénégal est désormais bien possible avec le site de rencontre 100 % sénégalais’’, écrivent ses concepteurs dans la partie présentation.
Sachant qu’aujourd’hui au Sénégal, Facebook est l’un des réseaux sociaux les plus usités, d’aucuns y ont créé des groupes privés de rencontres. ‘’Site de rencontre de célibataire à Dakar uniquement’’, en est un avec 48519 membres.
Rencontré à Keur Massar, Waly Pouye connaît bien les sites de rencontres. Avant même qu’ils ne soient spécifiés, il allait sur internet pour se faire des ‘’amies’’. ‘’Je m’étais inscri sur MSN et j’ajoutais des profils de femmes habitant en Europe. Après j’ai créé une adresse Skype où je faisais également des rencontres. C’est après que Facebook est venu. Je continue aujourd’hui encore à aller sur ses sites. J’ai eu beaucoup d’amies avec qui je parlais. Une est déjà venue me rendre visite au Sénégal mais je n’ai pas encore rencontré le grand amour’’, avoue-t-il. Le grand amour sur internet ? ‘’Oui, je le cherche depuis plus de dix ans. Je continue d’y croire. Jai 43 ans et toujours célibataire’’, dit-il avec un sourire gêné. Waly, teint clair, beau gosse, n’a pas de boulot fixe, aucune qualification particulière et a arrêté ses études en classe de quatrième. L’on se demande pourquoi, il ne cherche pas autour de lui, cela serait peut-être plus simple ? En réalité, il ne rêve pas du grand amour mais du ‘’grand voyage’’ de sa vie. Il espère trouver une femme en Europe qu’il pourrait rejoindre.
Son histoire peut ressembler à d’autres mais n’est pas la règle générale. ‘’Au moment du confinement en Europe, je me suis rendue compte de ma solitude. Je n’avais pas d’amis à qui parler. J’ai senti le besoin d’aller m’inscrire sur un site de rencontres. J’y ai fait la connaissance d’un Sénégalais qui vit dans le même pays que moi. On a commencé à parler tous les jours et j’ai développé des sentiments pour lui’’, confie Aminata Diop (nom d’emprunt). Après deux appels vidéo et de longues discussions au téléphone, son ami tenait à ce qu’ils passent à l’étape supérieure. ‘’Je veux qu’on se rencontre’’, lui a-t-il dit. Mais la jeune Sénégalaise, n’en voulait pas. Non pas qu’elle ne l’aimait pas ou n’avait pas de sentiments réels pour lui mais parce qu’elle pensait qu’en acceptant de le rencontrer, de passer à l’étape supérieure, jamais il ne la prendrait au sérieux, Ne la respecterait. ‘’Il ne connaît même pas mon vrai nom.
Au début, en m’inscrivant sur ce site, c’était juste pour ne plus me sentir seule. Je ne m’attendais pas à tout cela. J’ai eu peur de le rencontrer parce que je ne voulais pas qu’il pense que je suis une femme désespérée qui va sur les sites de rencontres ou que je ne cherchais qu’une aventure. L’amour, sur internet, les gens ont encore du mal à y croire au Sénégal’’, confie-t-elle. L’amour a eu raison de ces dernières réticences. Son prince charmant ayant décidé de ne plus appeler s’ils ne pouvaient se voir, elle n’a tenu que 48H avant de l’appeler. Tout va bien pour le moment. Pas encore de mariage mais c’est le grand amour.
‘’Est-ce sûr ce que je fais.’’ ; ‘’Est-il sérieux’’ ; ‘’Suis-je proté- gé’’. Voilà autant de questions que se posent les utilisateurs.
Dans un article de Socialnetlink, l’un des créateurs de Sénégal Love explique : « Nous vérifions tous les profils au sujet des photos et des propos et nos conditions générales de vente nous permettent de ne pas accepter les profils avec des photos ou propos à caractère sexuel ». Lancé il y a deux ans avec à sa tête l’entrepreneur sénégalais Doudou Fall, Sénégal Love est né suite à une levée de fonds privés fait par des personnalités sénégalaises. Selon Marc Galien la création de Sénégal Love découle de la nécessité de mettre à la disposition des Sénégalais un site de rencontre « sérieux sans faux comptes ». « Il y a vraiment un engouement. Nous sommes étonnés d’avoir plus de 8000 inscrits en 2 mois sachant que nous n’avons pas encore lancé notre campagne de communication », faisait-il savoir.
Par ailleurs, ce ne sont pas que des sexes opposés qui se cherchent sur internet. Les LGBT étant mal vus et pas acceptés au Sénégal, des gens vont sur Grindr pour des rencontres. Mais il y a un côté vicieux. En effet, des gens utilisent ces sites pour traquer les LGBT. Ce qui a poussé les concepteurs des espaces qui leur sont dédiés à mettre des barrières sécuritaires.
Sur Grindr par exemple, la particularité était la géolocalisation. Ce qui permettait aux inscrits de trouver des partenaires dans la zone géographique la plus proche. Dans un article publié sur 76crimesfr.com et titré ‘’quand la toile sert à piéger les gay’’, il est rapporté des arrestations et de répressions d’homosexuels par la police ou la population. Ces derniers ont été repérés sur des sites de rencontres dédiés aux homosexuels. Ce qui a poussé les administrateurs de ces derniers à prendre certaines mesures. Numerama.com nous apprend d’ailleurs qu’en 2014, Grindr a décidé de brider son service dans les pays disposant d’une législation réprimant les relations entre personnes de même sexe. Il s’agit d’une mesure visant à protéger les utilisateurs, dans la mesure où les forces de l’ordre de ces États ont montré qu’elles peuvent se servir de Grindr pour procéder à des interpellations.
Zahra NDIAYE